Léo arriva juste à temps pour entrer à la cantine. Un peu fatigué malgré la longue nuit, il fit tranquillement la queue après avoir salué quelques amis. Il préféra ne rien dire à propos de Noctis qu'il avait rencontré hier et se comporta comme d'habitude. Au réfectoire, il prit cependant, en plus de sa ration, une bonne poignée de barres chocolatées qu'il mit dans son sac.
*En espérant qu'elles ne fondent pas... *
Une fois en classe, il s'installa près du climariseur pour garantir une meilleure conservation de ses vivres. Il somnola pendant le cours de français, comme d'habitude, mais prit un grand intéret pour les Maths et la Physique. Il adorait ça! Au moins, c'était logique! Il répondit à deux-trois questions de routine pour qu'on ne l'oublie pas et se contenta de noter les remarques intéressantes sur un petit carnet qu'il gardait avec lui.
C'est à la sortie qu'il eut un petit problème. Une des racailles de l'école s'approchait de lui. Notre lycéen clandestin se tint prêt à parer tout coup possible. Mais l'autre ne le frappa pas... enfin, pas physiquement. Il s'approcha de Léo, attendit un moment et lui jeta à la figure:
"Alors? Elle est où ta maman?"
Léo reconnut avec horreur le même timbre de voix qu'un maître adresserait à un jeune chiot pour "Alors? Elle est où la baballe?". Mais ce n'était pas cela qui l'avait le plus choqué : comment savait-il? Depuis son arrivée, Léo avait gardé son passé secret et il était sur de n'en avoir parlé à personne d'autre que Noctis et Unselk. Sans se laisser démonter, Léo répondit calmement :
"Ben, chez nous, pourquoi?"
"Ah? Tiens donc? Pourtant, hier, "chez toi", il n'y avait qu'un gamin et une chienne, il me semble..."
Bon sang! Ils avaient été suivis! Léo avala sa salive.
"Ah, mais oui, pardon! Si ta mère n'était pas avec vous, ce soir, c'est parce qu'elle faisait les trottoirs, comme tous les soirs!"
Le coup partit comme une catapulte et projeta le provocateur à terre. Léo avait les larmes aux yeux, mùais n'en laissa pas couler une seule. Il se jeta sur son adversaire et le frappa sauvagement au visage. Deux amis du garçon l'empoignèrent, le forçant à lâcher prise. Mais Léo s'en débarassa aussi violemment. Attiré par le bruit, une foule d'étudiant entouraient le pugilat qui avait lieu entre Léo et la bande adverse. Léo semblait largement dominer et dans son état, aurait été prêts à les tuer. Mais il se contenta d'empoigner le col rougi de sang de son adversaire:
"Sache, espèce de conn*rd, qu'il y a deux grandes différences entre nous deux : la famille et le sens de l'honneur!"
Puis, il rejeta le corps contre le mur. Il aurait bien fini la besogne, mais il sentait déjà ce goût amer qui venait avec les larmes et préféra s'enfuir vers le parc où là, au moins, il devait retrouver Nocis, son ami, sa seule famille...