Hôpital

[Ce n'est pas un au revoir, ni un adieu.]

Un endroit que Zéro détestait tout particulièrement, pour lui, cela représentait comme un lieu où se dire adieu à tout jamais. Prenant son courage, il entra à l'intérieur et demanda une chambre, la chambre où "elle" se trouvait. La personne que Zéro voulait voir était celle qu'il avait retrouvé lorsqu'il a attaqué NE 3. Malheureusement, cette personne était parmi les victimes des attaques, mais elle n'était pas grièvement blessée, seulement dans le coma... et quelques bandages par-ci par-là... Il entra dans la pièce et vit quelques membres de la famille de la jeune femme en question. Les membres de la famille ont les larmes aux yeux lorsqu'ils accueillent Zéro, il savait qui ils étaient et vice versa pour lui.

" Merci infiniment d'être venu. "

Il comprend immédiatement la situation. L'heure du départ approchait. C'est trop tôt, bien trop tôt. Cependant, il le sait, ce jour devait finir par arriver, et dans un futur proche. Mais Zéro ne voulait pas tout de suite... Il se souvenait encore des dernières paroles de la jeune femme auquel il y tenait...

" Je risque de ne jamais te revoir. "lui avait-elle dit avec un sourire triste lorsqu'elle devait le quitter alors qu'il était encore qu'un jeune garçon, son visage souriant presque transparent tant il était blanc, si fragile, et par conséquent incroyablement beau, alors qu'elle semblait triste de quitter ce petit garçon qu'elle voyait comme un frère sans doute.

" Puis-je voir Aérith maintenant ? " demande-t-il.

Le père de la jeune feme fait un tout petit signe de tête et répond qu'il pouvait, mais que ça fait bien trop longtemps qu'elle semblait dormir dans un sommeil paisible. Il avertit Zéro qu'elle n'a pas ouvert les yeux depuis l'attaque de NE 3. À en juger par les faibles mouvements de sa poitrine, on peut en conclure que sa vie ne tient plus qu'à un fil qui pourrait se rompre à tout moment. Mais Zéro restait persuadé qu'elle continuait de l'écouter, cette femme âgé de quelques années de plus que lui, lui avait enseigné beaucoup de choses sur la vie. Concernant la mort aussi. Tout d'abord, la mort ôte le pouvoir de parler, puis la capacité de voir. Cependant, l'ouïe fonctionne jusqu'à la fin. Même si la personne a perdu connaissance, il arrive fréquemment que les voix de la famille lui arrachent un sourire ou des larmes.

Zéro serra la main du père tout en lui faisant signe que tout allait bien et dit :
" J'ai beaucoup d'histoires à lui raconter depuis qu'on s'est séparés. J'ai attendu ce moment avec impatience quand j'étais sur la route. "

Au lieu de sourire, le père de la jeune femme laisse couler une autre grosse larme et fait un signe de tête à Zéro : "Et elle était si impatiente de te revoir... J'aimerais te proposer de prendre un thé ou un café chez nous, mais...
"

Zéro interrompt ses excuses avec un léger sourire aux lèvres :
" Bien sûr. Je vais la voir tout de suite. "

Il reste peu de temps. Aérith, la fille unique de l'aubergiste qui sur terre servait la famille de Zéro et qui était veuf depuis peu, s'éteindra probablement avant que la nuit ne se termine. Depuis qu'il la connaissait, Aérith était d'une gentillesse exemplaire. N'ayant pas eu la possibilité de voyager, elle passait donc le plus clair de son temps avec le petit garçon qu'était Caleib à cet époque. Il connaissait Mio aussi, mais elle était vraiment son opposé sur certains points, Mio dissimulait son côté touchant alors qu'Aérith, plus âgée peut-être, laissait cette douceur apparaître sans cesse.

Cette femme ne tiendra probablement pas longtemps si elle reste dans cet état, avait dit le médecin à ses parents.

À cette femme aux traits extraordinairement beaux, dignes d'une poupée, les dieux avaient réservé un destin des plus tristes. Aérith ne pouvait aller bien loin à cause de sa mère souffrante, mais elle aimait sortir et découvrir et par-dessus tout, aller vivre sur la lune, l'un de ses rêves étant enfant. Elle avait racontée cela à Caleib lorsqu'il avait à peine 15 ans. Elle lui disait de si belles choses, des choses que le jeune homme n'oubliera jamais car ce sont ces choses qui lui a permis d'avoir un côté agréable aujourd'hui... Surtout cette phrase, qui restera gravé dans la tête de Caleib à tout jamais :

" C'est justement parce que les gens peuvent être seuls, qui sont capable d'aimer. Alors vois-tu, tu es loin d'être le monstre que tu veux faire voir. "

Voilà le genre de personne qu'était Aérith, même lorsqu'elle venait tout juste de rencontrer Caleib et qui était plutôt sec et froid, elle n'abandonnait pas et voulait manifester en lui quelque chose de doux et de tendre qu'une mère aurait dû lui apprendre, mais malheureusement, cette dernière n'avait pas eu le temps...

Aérith dort à poings fermés.

Il n'y a personne d'autre dans la chambre après que Caleib ait demandé au père de partir et de le laisser seul avec elle. Il n'y avait que le père dans la chambre, signe probable qu'elle a depuis longtemps franchi le stade où les médecins ne pouvaient plus rien pour elle, seulement attendre. Assis sur la chaise à côté de son lit, Caleib dit en souriant :

"Bonjour Aérith, je suis revenu. "

Elle ne répond pas. Sa poitrine se soulève et s'abaisse de manière à peine perceptible. Pourtant les moniteurs annonçaient que son battement de coeur était normal. Prenant un grand souffle tout en regardant sa chevalière qui se trouvait sur l'index de sa main gauche, Caleib dit Zéro allait commencer a raconter tout ce qu'il avait traversé jusqu'ici.

"Je suis devenu ce que mon père a voulut faire de moi : un brave soldat. J'ai atteint le rang le plus élevés de l'armée et je dois encore m'améliorer sans doute. Mais vois-tu, je commence a douter de moi et de mes choix. J'ai même pensé a quitter l'alliance et rejoindre New Earth pour mieux équilibrer les choses... Mais Mio, mon amie d'enfance, je t'en ai parlé avant, elle m'en a voulut et m'a frappé... c'est peut-être méchant de sa part, mais elle avait une bonne raison et surtout, elle ne sait rien de l'histoire ni même Miriwia, la seule personne que j'ai réussis a aider lors de ce moment... Ha oui ! je peux te raconter comment est l'espace : c'est immense. On croirait presque que ça se terminerait jamais, tellement d'étoiles, tellement de bleu qu'on s'y perds à force d'y faire trop attention... Mio disait que celà lui donnait envie de vomir une fois, elle aime voyager mais pas regarder.."

Zéro rit sous cape, et il a l'impression que la joue pâle d'Aérith bouge légèrement. Elle peut l'entendre. Même si elle ne peut pas parler ou voir, son ouïe est toujours en vie. Croyant et espérant que cette théorie est vraie, Zéro poursuit le récit de son voyage jusqu'ici.

Il ne parle pas d'adieux.

Comme toujours avec elle, Zéro sourit avec une douceur particulière qu'il n'avait jamais montrée à quiconque, et il continue de raconter ses histoires avec fougue, accompagnant parfois son récit de gestes exagérés comme lorsqu'il était petit. Il se sentait toujours seul et même lorsqu'il avait rencontré Mio pour la première fois, il était distant et froid dans ses paroles. Mais lorsqu'Aérith arriva dans sa vie, il commençait petit à petit a devenir ce qu'il est aujourd'hui.
Un jeune homme qui a moins peur d'autrui et qui fait de son possible pour ne pas être un poids pour qui ce soit. Et cela c'est grâce à elle, cette jeune femme qui n'arrêtait pas de l'écouter lorsqu'il avait un problème, cette jeune femme qui ne pensait pas un mal de lui et qui faisait tout pour l'aider...

La première lueur qui a réchauffé la poitrine de Zéro va bientôt s'éteindre. Il avait peur, peur d'être de nouveau seul. Car même ayant un père riche et puissant, ce dernier n'avait pas hésité à le jeter à l'armée et à l'arraché à sa mère... Malgré le fait qu'il n'était pas seul, Zéro ne parlait jamais de ses soucis à qui ce soit, il conservait tout pour lui et ne voulait embêter personne... sauf à elle, qui fut la première personne qui a réussit à lui montrer une autre vision des choses.

"Tu vas sans doute bientôt voyager toi aussi, Aérith.", lui dit Zéro avec douceur.

" Tu vas voyager pour un monde que personne ne connaît, un monde qui n'a jamais fait partie des histoires que tu as entendues jusqu'à présent. Tu vas enfin pouvoir quitter ton lit et aller où tu veux. Tu seras libre et rien ni personne ne pourra te retenir.. "

Il pensait que la mort n'est pas quelque chose de triste, mais quelque chose de joyeux mêlé à des larmes. Il se forçait à croire ça... car étant dans un état aussi bas, les chances qu'elle ouvre les yeux sont minces... Même si il gardait espoir, il voulait que des deux côtés qu'Aérith soit heureuse et lui aussi... Elle ira surement au paradis...

Lui, cependant, pensait qu'il ne pourrai jamais y aller.

Après toutes les horreurs qu'il venait de faire.

Il ne pourra jamais rejoindre Aérith qui sera au paradis. Il devrai vivre longtemps et encore servir, sauf si il met son plan à exécution mais comme l'a dit Mio, ça serait une bêtise en plus. Il ne pouvait pas arrêter l'armée, ça serait une honte pour sa famille... Mais il ira certainement pas au paradis... Sur le point de lâcher des larmes, elles tombèrent en silence sur la chevalière du jeune homme, cette chevalière qui est un mélange de l'argent de sa mère et de la pierre d'Aérith...

"Après tout, peut-être que tu te prépare pour quelque chose de grand. Donc ce n'est pas vraiment un adieu, mais le début d'un voyage qui risque de ne pas être désagréable."

Il lui dit ces derniers mots, toujours en affichant un sourire aux lèvres et en étouffant sa voix qui était remplis de tristesse à cause de ses sanglots silencieux.

" Nous nous reverrons."

Voilà le premier et dernier mensonge qu'il lui raconte avant de partir de cette chambre en fermant doucement la porte derrière-lui. Le visage affichait un sourire tranquille comme si elle lui avait répondu :

" À bientôt. "

Laissant Aérith seule dans le coma à nouveau, Zéro évita de croiser le père de celle-ci craignant qu'il n'aperçoit ses larmes qui coulait en silence. Il se rendit sur le toit de l'hôpital en regardant le ciel et ainsi apercevoir la terre. Si Aérith est dans cet état, c'était à cause de ce que Zéro a fait. Attaquant n'importe comment, elle fut victime d'un de ses coups aléatoires qui avait pour but de tuer un ennemi. S'agenouillant au sol, Zéro plaqua ses mains sur son visage et voulait être seul... au moins un temps, le temps de se reprendre. Il se lêva péniblement et quitta cet endroit, ainsi que la lune. Il avait encore des choses à faire de toute manière...

» L'hôpital
» Hôpital